Et si je me remettais un peu à publier mes vieilles cartes postales ? Qu’en pensez-vous ?
Dans cette collection, il y en a un certain nombre dont la photo représente des gens. J’ai du mal à trouver des informations à ce sujet, mais j’ai l’impression que certaines de ces personnes sont celles qui ont écrit la carte. Les gens du début du 20e siècle allaient-ils chez le photographe pour se faire prendre en photo et les imprimer sur des cartes postales ? J’en ai parfois l’impression (je vous invite à voir certaines cartes déjà publiées)
Cependant, il est évident que les personnes figurant sur la carte suivante sont des mannequins. Et, si je ne trouve pas bizarre d’envoyer une belle photo de soi-même en carte postale, surtout à une époque où il était encore assez rare de se faire prendre en photo, je trouve vraiment bizarre d’imprimer et d’envoyer de telles cartes postales :
Les deux “A” ? Nous y viendrons avant la fin de ce post.
Voyons le verso :
Le texte est parfois un peu difficile à lire, surtout que l’autrice, Amélie, a parfois tendance à faire des fautes d’orthographe et surtout de conjugaison, donc il me faut parfois deviner ce qu’elle essaie de dire. Lire à haute voix aide en général.
Et si n’est pas le sujet, montrez cette carte à ceux qui disent que les gens savaient mieux écrire avant.
Voici donc ma tentative de retranscription (j’ai corrigé les fautes, mais je n’ai pas touché à l’expression) :
Amiens le 2 juillet.
Cher Monsieur Adrien et Monsieur Madame B.
En quelques lignes je m’empresse de vous donner nos nouvelles qui sont fort mauvaises. Reni (?) est touchée depuis quelques jours d’une angine (?) Le médecin vient tous les jours la voir. C’est très dangereux. Si ça s’aggrave (?) on fera des piqûres.
Albert sort de la maladie de rhumatisme (?) il va mieux, mais de temps en temps il lui prend quelques douleurs. C’est bien dommage à son âge. Et Fernand, dans huit jours, on lui fait l’opération des végétations dans le nez et les amygdales.
Il faut deux médecins et on l’endormira. Mais ça sera rien, c’est ça qu’il tousse souvent. Enfin on est jamais tranquille.
Papa travaille pas pour cause des grèves.
Je ne tarderai pas à répondre pour vous donner des nouvelles de ma sœur et de la famille.
J’espère que vous êtes en très bonne santé. Bons baisers à Mr et Mme B et pour vous remercier de votre carte lettre vous voyez moi je vous envoie de jolies cartes pour votre album (?).
Un baiser d’Amélie à Camille.
Dans un coin :
et bien Camille f. ..?) m’a dit
à bientôt vos nouvelles.
Dans l’autre :
Ne tardez pas à me répondre. Mes parents vous souhaitent le bonjour. Amitiés.
Bon, maintenant un peu de contexte car je crois bien que c’est la première carte d’Amélie que je publie ici.
Amélie Gense (oui, j’écris son nom en entier car j’aimerais un jour retrouver ses descendants ou sa famille) est née à Amiens en 1904. Elle est morte en 1985 à l’âge de 80 ans (et je ne sais pas pourquoi, mais ça fait bizarre de savoir qu’elle est morte quand j’avais 12 ans, même si je ne connaissais pas son existence à l’époque).
Amélie et sa famille sont partis vivre dans le Sud-Ouest de la France pour échapper à la Première Guerre Mondiale, et ils sont retournés vivre à Amiens quelques années après la fin de la guerre (dans les alentours de 1920, je crois ?) Elle a donc passé la fin de son enfance et son adolescence dans la campagne natale de mon père (né bien plus tard)
Je n’ai jamais trop compris les détails, mais soit la famille fut hébergée par la famille de mon grand-père, soit ils furent voisins. Quelque chose comme ça.
Le fait est qu’une fois rentrés à Amiens, les Gense sont restés en contact avec ma famille un certain temps, et tout particulièrement, Amélie et mon grand-père Adrien ont eu une correspondance assez suivie (jusqu’au milieu des années 20 environ.)
Je n’ai jamais trop compris la teneur de leur relation. Parfois, on dirait juste une amitié. Parfois, ça à l’air d’être beaucoup plus qu’une amitié. En lisant les cartes qu’elle a envoyé à mon grand-père, plusieurs fois, j’avais l’impression qu’ils étaient amoureux. Je me suis parfois surpris à vouloir une fin heureuse pour eux deux… ce qui aurait signifié que jamais il n’aurait rencontré ma grand-mère, donc finalement, c’est pas plus mal qu’ils ne se soient jamais revus.
Il y a aussi un côté un peu plus sombre à la chose. Mon grand-père est né en 1885. Il avait donc 19 ans de plus qu’elle. Donc oui, quelle était vraiment la teneur de leur relation ? Espérons que ce n’était qu’une amitié. Que simplement elle l’idéalisait, qu’elle fantasmait un peu sur lui, mais que c’était tout…
Nous ne le saurons jamais.
Cette carte est très intéressante car justement, le contenu est très banal. De bêtes nouvelles, et pas des très bonnes.
Mais cette photo et ces deux “A” (Amélie et Adrien) symbolise très bien toute l’ambiguité de leur relation. Et pour compliquer les choses, je ne dispose bien sûr que de la moitié de la correspondance. L’autre moitié – si elle existe encore – est quelque part à Amiens.
Quelques précisions de plus sur les noms. Je ne sais pas qui sont Fernand et Albert. Je ne suis même pas sûr que d’autres cartes les mentionnent (je ne les ai pas relues depuis un moment.) “Reni” (?) est je crois la grande soeur d’Amélie ?
Quant à Camille, elle est jeune, l’âge d’Amélie, peut-être plus jeune. Tout semble indiquer dans la correspondance qu’elle est de la famille de mon grand-père, mais je n’ai jamais entendu parler d’elle par quiconque. En, fait, j’ignore presque tout de mon grand-père et de sa famille avant de rencontrer ma grand-mère et qui ne soit pas dans ces cartes, mais a priori, il était fils unique. Donc Camille reste un mystère, mais vous la verrez mentionnée un certain nombre de fois dans de futures cartes postales.
Voila, je crois que c’est tout pour aujourd’hui.
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