Quand on me demande quels sont mes groupes ou chanteurs préférés, je ne mentionne jamais Depeche Mode. Ce qui est étrange quand on y réfléchit. S’il est vrai que je peux parfois passer plusieurs années sans les écouter, ils font partie de ma vie musicale depuis près de 40 ans ! (Je crois que les seuls musiciens que j’écoute depuis plus longtemps qu’eux sont Queen et David Bowie).
Je ne peux pas vraiment dire quand je les ai entendus pour la première fois, mais ils étaient étrangement assez mainstream en France dans les années 80. Oui, les jeunes d’aujourd’hui peuvent avoir du mal à comprendre cela, mais jusqu’à la fin des années 90 environ, de la bonne musique était disponible à la télévision et à la radio, en France. Pendant mon adolescence et au début de la vingtaine, j’ai fait mon éducation musicale en allumant tout simplement la radio ou la télévision. En fait, en les écoutant il y a quelques minutes, avant de commencer à écrire cet article, je suis tombé sur un passage du groupe à Sacrée Soirée ! Les plus jeunes d’entre vous ne se rappellent pas, mais cette émission (animée par Jean-Pierre Foucault) battait tous les scores d’audience, même nos grands parents regardaient.
Donc, oui, Depeche Mode a toujours fait partie de ma vie depuis au moins le collège.
Mais la vérité, c’est qu’à l’époque, sans les détester, je n’étais pas exactement fan. En partie parce qu’ils étaient plus ou moins considérés comme un groupe pour midinettes dans mon entourage. Je ne sais même pas si c’était vrai, mais en tant qu’adolescent boutonneux et pas toujours très malin, je ne voulais pas être associé à un tel groupe. Et les rares fois où je les ai vraiment écoutés, je les trouvais un peu sombres et dérangeants quand même. À l’époque, mon musicien préféré était Michael Jackson et la musique la plus audacieuse que j’écoutais était probablement U2… Alors vous pouvez imaginer. Je sais… Un groupe pour midinettes qui est sombre et dérangeant c’est un peu antithétique. Mais c’est la perception que j’avais d’eux. Les adolescents ne brillent pas toujours par leur cohérence.
Je n’ai commencé à m’intéresser à eux qu’après le lycée. Je me souviens qu’une de mes amies et sa sœur étaient de grandes fans. Je me souviens encore qu’elles nous ont laissé tomber pour une soirée importante (quelques jours après l’obtention de notre BTS pour nous et son Bac pour la petite soeur) parce que Depeche Mode jouait ce soir-là et qu’elles avaient des billets (et grâce à la magie d’Internet, j’ai même pu retrouver que c’était le 5 juillet 1993, il y a 30 ans presque jour pour jour – je vous laisse trouver le lieu du concert).
Avec le recul, je regrette de ne pas avoir eu de billets moi aussi.
Le premier album que j’ai acheté était 101 (le fameux live à Pasadena), et je l’ai probablement écouté des centaines de fois.
Toutefois, même si leurs tubes des années 80 sont dans toutes les mémoires, c’est leur musique des 30 dernières années que je trouve la plus intéressante. En commençant par Songs of Faith and Devotion (le concert de 1993 était pour cet album).
Je me souviens de ce que j’ai ressenti en écoutant cet album pour la première fois. Et c’est une sensation similaire à celle que j’ai ressentie en mars dernier, en écoutant Memento Mori pour la première fois. Je l’ai acheté par hasard le jour de sa sortie. J’étais dans un magasin ce jour-là, il était là, je l’ai acheté. Oui, j’achète toujours des CD et vous aussi vous devriez, mais c’est un sujet pour un autre jour.
Et c’est la même sensation que j’ai eue en écoutant presque tous leurs albums pour la première fois.
Pour moi, Depeche Mode est la musique “anti-easy listening” par excellence.
Écouter un de leurs albums pour la première fois n’est jamais “facile” pour moi.
Il est très très rare, presque impossible, que j’aime un de leurs albums à la première écoute. J’ai besoin de m’y habituer. Je dois d’abord me familiariser avec l’album et ses chansons. Je dois les “apprivoiser”. Et ce n’est qu’après un certain nombre d’écoutes que je peux enfin me faire une opinion (généralement positive).
Et je trouve cela tout à fait fascinant parce que c’est, je pense, le seul groupe qui a cet effet sur moi.
Avec tous les autres musiciens que j’aime, je suis en général sous le charme instantané de n’importe quelle nouvelle musique d’eux qui arriverait dans mes oreilles. Et c’est parfois une fois la nouveauté passée qu’il arrive que je trouve tel morceau (ou pire, tel album) pas si bon finalement.
Avec Depeche Mode, c’est le contraire.
Je n’aime jamais instantanément un de leurs nouvels albums. Jamais. Ce n’est qu’avec le temps et un certain nombre d’écoutes que j’arrive à les aimer.
Pourquoi ? Je n’en sais rien.
Et vous ? Y a-t-il un groupe qui vous fait cet effet ?
Bien sûr, je ne peux pas terminer cet article sans l’une de leurs chansons.
Tiens, plutôt qu’une de leurs chansons les plus connues ou les plus récentes, pourquoi pas “Wrong” de Sounds of the Universe ? C’est l’une de leurs chansons que je préfère.
(Attention : la vidéo est peut-être pertubante pour certain/e/s) :
Tiens, je vous mets aussi “It’s no good” (d’Ultra) et leur vidéo la plus rigolote (selon moi). Oui, Depeche Mode a de l’humour (parfois). Dans la vidéo, ils jouent des sortes de caricatures d’eux-mêmes, ou plutôt de ce qu’ils auraient pu devenir s’ils n’avaient jamais rencontré le succès mais étaient restés ensemble, un groupe de mecs un peu foireux jouant le samedi soir dans des bars miteux et beaufs.
Une dernière chose : quand je dis qu’ils sont le groupe “anti-easy listening”, ils le sont vraiment. Il m’a fallu m’y reprendre à deux reprises et beaucoup plus de temps qu’un article de cette longueur devrait me prendre parce que j’ai commencé à les écouter, et l’écoute passive (en fond sonore, pendant que je tapais) s’est avérée impossible. Je me suis mis à vraiment écouter les chansons. Me concentrer sur le texte est alors devenu impossible.
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